Un urbanisme PAR et POUR les citoyens, à la hauteur du défi climatique
Repenser la façon de vivre la ville et de la faire évoluer en fonction des besoins de la population a toujours été un défi.
Le paysage urbain d’Orléans actuel porte encore les cicatrices de l’urbanisme de l’ancien monde où l’idéologie urbaine dominante était celle de la spécialisation de l’espace et de l’adaptation de la ville à la voiture individuelle.
Avec l’avènement de la Métropole, les politiques d’urbanisme traduisent la volonté des décideurs locaux de placer Orléans parmi « les territoires qui comptent » à l’échelle nationale, d’en faire une métropole « rayonnante », « attractive » et « connectée ». Cela s’est traduit par des investissements parfois utiles comme la création d’un réseau de tramway, mais d’autres sont bien plus discutables et particulièrement certains grands équipements aussi « structurants » que surdimensionnés et onéreux comme le CO’Met.
La « métropolisation » a aussi nourri le rêve pavillonnaire et l’approfondissement de grandes fractures territoriales. Avec 559 ha de terres agricoles consommés sur la métropole entre 2009 et 2017, Orléans Métropole présente sur la même période, le 5ᵉ taux d’artificialisation le plus élevé des métropoles françaises, selon l’observatoire national de l’artificialisation des sols. Pourtant le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT) voté en mai 2019, accompagne encore des projets de 845 ha dont 600 ha pour l’habitat. Au lieu de tout miser sur le neuf et d’urbaniser à outrance en extension, nous privilégierons une politique volontariste de reconquête des logements vacants, notamment par la rénovation énergétique.
Aujourd’hui la Métropole d’Orléans ne se donne pas les moyens de respecter l’objectif légal de zéro artificialisation nette. L’expansion de la ville, c’est une dépendance toujours plus accrue à l’automobile et aussi la destruction programmée de puits de carbone indispensables pour affronter les canicules du type de celles que nous avons connu l’été dernier (41,9°C relevés le 25 juillet 2019).
Sans transition écologique ambitieuse et transversale, Orléans deviendra invivable pour ses habitants, notamment les plus fragiles, ses phénomènes extrêmes étant amenés à se reproduire en fréquence et en intensité dans un futur proche.
Cette transition, nous devons la penser à partir d’une ville façonnée par les choix politiques passés et ces usages hérités. Elle n’est socialement acceptable que si elle s’accompagne d’une nouvelle approche de conception collective de la cité, en rupture avec une culture où malheureusement les décideurs locaux considèrent mieux connaître les besoins des gens que les gens eux-mêmes.
Cette transition doit s’appuyer sur les mobilisations locales pour le climat et la biodiversité. À ce titre, les citoyens doivent pouvoir suivre en transparence et précisément toute mise en œuvre.
Plus généralement, les citoyens sont fatigués de concertation a minima sur les projets urbains qui s’apparentent à des exercices de communication. Beaucoup d’habitants ont l’impression de n’être que des invités dans leur quartier, où rien ne se décide avec eux. Les espaces de concertation censés remplir cette fonction servent, au mieux, à modifier à la marge, ce que les élus, les opérateurs et architectes en chef ont déjà planifiés. Rompre avec « l’urbanisme de cabinet », c’est donc permettre aux habitants de se réapproprier la fabrique de la ville.
Nos propositions :
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Lancer dès le début du mandat la révision du Schéma de Cohérence Territorial (SCOT) afin de respecter ses objectifs de zéro artificialisation nette et de neutralité carbone, et mettre fin au développement des zones commerciales de périphérie qui fragilisent le commerce de proximité du centre-ville. L’ensemble des documents de planification sectoriels seront modifiés en cohérence avec ces objectifs, notamment le Plan Local d’Urbanisme métropolitain (PLUm) et le Plan Climat-Air-Energie-Territorial (PCAET) ;
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Faire du terrain des GROUES, le grand parc naturel urbain du nord d’Orléans. Il s’agit de permettre aux habitants du nord d’Orléans, des quartiers populaires notamment, de bénéficier d’un vaste lieu de respiration, où la permaculture, l’agroforesterie et le respect de la biodiversité pourront prendre toute leur part. En effet, Les espaces verts de proximité constituent parfois le seul lien à la « nature » pour des citoyens à faible revenu et sont donc aussi un enjeu de justice sociale. Le projet d’implantation d’un SAS (Service d’Accompagnement à la Sortie de prison) sera abandonné, les effets polluants de la chaufferie biomasse seront reconsidérés ;
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Donner à l’espace public tout son rôle dans la planification écologique : création de jardins partagés, plantations d’arbres et arbustes fruitiers, désimperméabilisation des parkings publics extérieurs (par exemple sur le mail), végétalisation de certaines parties de places publiques ou squares actuellement sur-bitumée, renouvellement des lampadaires pour un éclairage plus économe et plus adapté aux besoins réels (associé à des détecteurs de présence) et moins générateur de pollution lumineuse, expérimentation de technologies innovantes de production électrique (dalles podo-électriques intégrées aux trottoirs ou recours à des hydroliennes le long des quais) ;
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Réserver dans les projets d’aménagement des espaces réservés à l’agriculture urbaine et solidaire (temps de trajet réduit, vente directe, accessibilité) tels que les jardins partagés, familiaux, pédagogiques, les micro-fermes, les vergers, l’éco-pâturage pour entretenir les espaces, les productions maraîchères sur les toits, un potager municipal…, ou tout projet d’initiative citoyenne) ;
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Maximiser la présence des arbres dans la ville (sur les places et squares, en alignement dans les rues), pour ombrager et atténuer la surchauffe des espaces publics pendant les périodes de canicule et permettre d’atteindre le plus rapidement possible la neutralité carbone ;
Reconstituer les continuités écologiques à travers toute la ville, en concertation avec les habitants qui doivent être associés à cette reconquête de la biodiversité. Il s’agira notamment de protéger davantage les cœurs d’îlots verts dans le tissu urbain dense et imposer un coefficient de végétalisation contraignant dans les nouvelles opérations (voir partie Biodiversité) ;
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Faciliter la rénovation énergétique du bâti et l’emploi de matériaux éco-responsables, biosourcés, partout dans la ville. C’est aussi possible dans le centre-ville d’Orléans où le patrimoine bâti et architectural nous invite à renouer avec des méthodes constructives vernaculaires qui favorisent l’emploi de matériaux locaux ;
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Imposer ces matériaux éco-responsables et biosourcés pour la construction ou la réhabilitation des bâtiments publics de la ville d’Orléans et d’Orléans Métropole ;
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Dans les règles d’urbanisme, favoriser le développement de l’habitat où les logements sont conçus collectivement par les résidents, et prendre en compte celui de l’habitat alternatif (tiny house, kerterre, dôme, etc.) ;
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Créer des Ateliers Urbains de Proximité (AUP), dans lesquels les citoyens seront pleinement acteurs de la fabrique de ville. Ces ateliers auront vocation à proposer des projets d’équipement public et réinterroger les projets urbains actuellement planifiés sur les sites tels que Fil de Soie, les Jardins du Val Ouest, les Groues, etc. Les propositions seront approfondies en collaboration avec les services municipaux ou métropolitains compétents, et l’agence d’urbanisme. Les associations ou collectifs de riverains directement impliqués sur ces sites seront associés et appelés à participer ;
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Donner une représentation citoyenne à la gouvernance de l’agence d’urbanisme TOPOS1 ;
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Recréer un maillage d’espaces publics conviviaux, vecteurs de lien social et pleinement réappropriés par les citoyens, Il s’agira notamment de redéployer du mobilier urbain adapté à cet objectif : par exemple et tout simplement des bancs, des chaises… et des tables d’échec ! Sur les quais de Loire entre le pont George V et le pont Thinat, le risque de crue ne permet pas d’envisager des aménagements pérennes, mais il invite à y développer l’urbanisme transitoire (ou temporaire). Les ateliers urbains de proximité seront invités à travailler sur cet enjeu ;
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Co-écrire avec ces mêmes ateliers une « charte opérateurs » pour encadrer l’action des promoteurs et aménageurs sur la ville, et qui viendra en complément des dispositions du PLU, appuyer les exigences de la commune en matière d’insertion architecturale et urbaine, de haute qualité environnementale, de programmation, de commercialisation et de prix de sorties des logements, de participation du public. À travers cette charte, les maîtres d’ouvrage d’opération devront travailler en transparence avec les services municipaux ou métropolitains de la prospection foncière à la livraison de l’opération ;
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La mixité fonctionnelle sera recherchée dans les opérations, mêlant par exemple logements et commerces ou bureaux et ateliers ;
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Interdire dans l’espace public toute forme de publicité numérique et lumineuse, qui constitue une pollution visuelle inutile et énergivore tant pour leur fabrication, leur fonctionnement et leur recyclage incertain. À titre d’exemple, un panneau numérique de 2m2 consomme 7 000 KWH/an soit l’équivalent d’un ménage avec enfant. Il est rappelé que la « concertation » dans le cadre règlement local de publicité métropolitain a fait ressortir une opposition massive des citoyens à ces dispositifs. Plus généralement nous encadrerons davantage tout ce qui a trait aux panneaux publicitaires ;
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Intégrer de petites unités de productions d’énergies renouvelables (panneaux solaires et éoliennes carénées) de proximité pour alimenter certains équipements publics dont le raccordement au réseau peut être complexe ou coûteux, notamment pour les lampadaires et aubette.
1 Après 40 années d’intervention de l’AUAO auprès des communes de l’agglomération orléanaise et de son EPCI, l’agence d’urbanisme prend un nouvel envol. Nouvelles missions, nouveau périmètre : nouveau nom ! TOPOS concentre ses missions sur le développement d’observatoires thématiques, d’études stratégiques et de prospective, tout en s’appuyant sur une animation partenariale soutenue. Son périmètre d’intervention est élargi au bassin de vie sur 7 EPCI et 126 communes. Autour des enjeux de la mobilité, de l’habitat, de l’économie, de la biodiversité, TOPOS offre un espace de discussion et de dialogue inter-territorial, au bénéfice du développement local.